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La Grange d'Oudun

12/04/2022

Au Moyen âge, le bourg était divisé en deux parties : Joux la ville et Joux le châtel où se trouvait un très ancien château aujourd’hui disparu. Il ne subsiste aujourd’hui que l’église de la Nativité de Notre Dame. Des fortifications de Joux la ville érigées en 1522, il ne reste rien.

Le dernier des neuf hameaux, Oudun ou Grange d’Oudun est situé à trois kilomètre au nord ouest de Joux.

Le premier oratoire dédié à dédié à Saint Pierre desservi par les bénédictins y a été établi au VII siècle. Sa chapelle a été brûlée au temps de la ligue. Le bâtiment qui lui était contigu, la grange, abritait des moines convers. C’est le style du XII siècle dans toute sa splendeur. On y remarque encore au ras du sol une étroite ouverture. Elle apportait la lumière dans une très belle salle souterraine. Cette grange qui a échappée à la destruction des biens de l’église en 1790 a été aménagée en exploitation rurale, ce qui la sauvegardera. Malheureusement, la salle voutée du rez de chaussée a été comblée sur un mètre.

La grange dresse toujours sa haute silhouette que l’on peut apercevoir en arrivant à Oudon.

L’abbaye de Fontenois créée en 1097 fut transférée à Reigny en 1134.
L’abbaye de Reigny possède dix granges dont celle d’Oudun.
Confiées aux frères convers sous la direction de cellérier, les granges ne doivent pas être éloignées de plus d’une journée de marche de l’abbaye afin qu’ils puissent s’y rendre pour l’office dominical.
Les différentes terres de l’abbaye sont regroupées autour de centres d’exploitation : les granges. Celle d’Oudun est tournée vers l’exploitation céréalière et l’élevage.
La grange d’Oudun créée à partir de 1118 suite à la donation de Landry de Prehy disposait à l’origine de bâtiments d’habitation réfectoire, cuisine, dortoirs, …), d’une petite hôtellerie, d’un petit oratoire et du bâtiment d’exploitation.
Il ne subsiste aujourd’hui qu’un bâtiment mesurant 20m sur 10m. Son architecture permet de le dater du XII siècle.
Le rez-de-chaussée aujourd’hui coupé par une cloison est vouté d’ogive, les chapiteaux sont décorés de feuilles d’eau. Ses ouvertures à l’étage permettent d’imaginer qu’il s’agit du dortoir des convers.
Outre ce bâtiment, le domaine se compose de six maisons louées dès 1496 aux laboureurs locaux.
Lentement, lors des XVI et XVII siècles, Oudun perd son statut d’exploitation pour se transformer en village abritant une vingtaine de familles.

Dans l’enceinte monastique

Une abbaye, conçue pour être le plus autonome possible, devait compter dans son enceinte un certain nombre de bâtiments affectés aux activités indispensable à son fonctionnement. L’intégration des structures d’exploitation (agricole, artisanale,) au sein de l’enclos monastique contribuait en outre à séparer plus efficacement l’espace régulier du monde séculier.

Loin de suffire cependant aux besoins de la communauté, ces bâtiments d’exploitation intra muros prenaient malgré tout une part active dans le système économique global de l’abbaye, étendu à l’extérieur à un réseau de granges et celliers et moulins disséminés sur ses domaines.

Au-delà de l’abbaye

Pour cette raison, l’étude de l’architecture cistercienne doit dépasser le cadre strict de l’enclos monastique.
La première mention de la grange d’Oudun date de 1164 dans un privilège du pape Alexandre III pour l’abbaye de Reigny.
L’étage, largement éclairé par des baies percées dans les murs pignons et gouttereaux était également vouté ; le départ d’une voute en berceaux est encore bien visible à Oudun.
On ne connaît plus aujourd’hui la fonction première de ces bâtiments. Avaient-ils un usage agricole ce que le soin apporté à la construction et à son décor (chapiteaux à crochets à Oudun) ne peut de toute façon réfuter ? Ou bien était-ce plutôt le lieu de vie des frères convers, la configuration et les ouvertures à l’étage d’Oudun faisant davantage penser à un dortoir ?
En tout état de cause on peut raisonnablement écarter l’idée qu’il se soit agi ici de la grange proprement dite, les divisions du volume intérieur et la relative étroitesse des travées s’adaptant mal au stockage des récoltes et à la circulation des chariots. Les granges sont souvent des bâtiments de grande taille sans étage et non voutés.

(Source : Denis Bolée « les cisterciens dans l’Yonne » 1998)

C’est à Oudun ou la Grange d’Oudun que fut établi au VII siècle le premier oratoire du pays dédié à Saint Père (ou Pierre). Il fut desservi par des Bénédictins qui vinrent ensuite s’établir à Joux. La chapelle fut détruite et brûlée du temps de la Ligue.
Le bâtiment visible aujourd’hui était vraisemblablement contigu à la chapelle.

Odunum au XII siècle

Une belle bâtisse datant du XII siècle s’élève à Oudun.

Au XII siècle le mot grange » désignait un lieu dépendant d’une abbaye mais éloigné de celle-ci où vivaient et travaillaient des moines convers, personnes rattachées à l’église pour travailler la terre.

Après avoir échappé à la destruction des biens de l’église en 1790, la grange cistercienne d’Oudun devint une exploitation agricole au prix de quelques aménagements qui permettront par ailleurs de sauvegarder l’essentiel du bâtiment.

Une chapelle a probablement existé mais aurait été détruite au temps de la Ligue.

De l’ensemble des bâtiments monastiques, il ne subsiste qu’un édifice de 20m sur 10 m.

De l’extérieur, des vestiges donnent des indices sur l’aspect d’origine du bâtiment.

Des traces d’escalier, des ouvertures condamnées et d’autres réalisées plus récemment, des départs de pierres vraisemblablement un déambulatoire qui arrivait jusqu’à la grande porte d’entrée.

Le rez-de-chaussée magnifiquement vouté avec des colonnes encore par endroit polychromées et de beaux chapiteaux à crochets est éclairé par des baies percées dans les murs et gouttereaux d’un mètre cinquante d’épaisseur.

A l’étage, le départ encore visible d’un voute en berceau témoigne d’un espace également vouté.

A priori, il n’est pas certain que la fonction première de ce bâtiment consistait en un usage agricole. Il semblerait que compte tenu d’exemple conservés en d’autres lieux, l’idée d’une grange proprement dite peut être é&cartée.

Les divisions du volume intérieur, l’étroitesse des travées et des portes, l’existence de fenêtres s’adaptent mal au stockage des récoltes et à la circulation des chariots. Il est supposé des dortoirs à l’étage et un réfectoire ou une salle capitulaire au rez-de-chaussée.

Depuis 1870, le bâtiment a subi quelques dégâts ; des contreforts disparus, une partie de la salle voutée du bas comblée sur plus d’un mètre enterrant les bases des colonnes, deux voutes éboulées ou encore des ouvertures percées.

Des dégradations ont été plus conséquentes au XX siècle. Le bâtiment s’est écarté.

A l’origine, il était couvert de laves posées sur une voute en pierre qui sous le poids s’est écroulé moins de cent ans après sa construction.

Comme le projet de restauration mené à cette époque n’a pas abouti, vidé de ses occupants, l’édifice est resté en l’état un certain temps puis loué de petits métayers dont on retrouve traces en 1570 pour devenir ensuite un bâtiment à vocation agricole avec les dommages qu’une activité implique.

C’est à partir des années 1230 qu’apparaissent les premiers contrats de bail effectués par l’abbaye de Reigny. Ils annoncent l’abandon d’un des principes fondamentaux de l’ordre cistercien : le faire valoir direct.

Le privilège du pape Alexandre III (1164) : cet acte récapitule les plus importantes donations accordées à l’abbaye de Reigny. En outre, il dresse une liste des granges.

La donation de la terre d’Oudon par Landry de Prehy (ou Pré) en 1119.

Les granges cisterciennes sont des exploitations dépendantes d’une abbaye.

Un document du 2 mars 1696 s’intitulant « état des biens de l’abbaye de Reigny » décrit précisément la constitution de la grange d’Oudun. Une grande maison seigneuriale avec un sous sol, des caves, au premier étage trois chambres et un grenier au dessus. A proximité, prennent place un four, deux écuries, une chapelle et deux granges dont l’une très grande.

En 1147, le pape Eugène III mentionne la grange d’Oudun

Les frères convers avaient en charge tout ce qui avait trait à la gestion des biens de l’abbaye : défrichement des terres, assèchement des marais, construction et entretien des digues, étangs et canaux, élevage des troupeaux, culture des champs et des vignes, construction et réparations des bâtiments et écoulement des produits sur les marchés ; bref de la main d’œuvre gratuite !

Un bâtiment rectangulaire de 2Om sur 10m orienté presque parfaitement nord sud. Il se compose d’une salle basse de cinq travées dont les deux vaisseaux sont couverts de voutes d’arrêtes et séparés par une file de quatre colonnes ainsi qu’une salle haute jadis couverte d’une voute en berceau.

…transformation et destruction au cours des siècles : rehaussement du sol de la partie méridionale de la salle basse, aménagement d’un plancher en bois à la place des voutes de deux travées, effondrement de la voute de la salle haute (vraisemblablement assez peu de temps après la construction), modifications de certaines baies, suppression des contreforts…. Le mur gouttereau ouest du bâtiment se prolonge vers le sud où il forme le dernier vestige d’un mur d’enceinte qui devait, à l’origine, clore l’ensemble du domaine.

Chapiteaux en feuille d’eau caractéristiques des abbayes cisterciennes

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